Le Bonnet de l'Evêque ... par dessus la Tête de la Cavale

Publié le par renarde1

Mardi 17 mars 2009, Tête de la Cavale et Bonnet de l'Evêque , Dévoluy, Ski de randonnée, 2300 m D+

Autant le dire tout de suite, il s'agit là d'une sortie exceptionnelle à tous point de vue : l'ampleur générale de l'itinéraire, l'esthétique de la boucle et des faces descendues, la montée très alpine (700 m en crampons, skis sur le sac) , la difficulté des descentes principales, le côté voyage, avec un retour par un chemin aussi étonnant que commode .... Les mots me manquent pour la décrire ....

Ci-dessous, on peut voir une partie de l'itinéraire : la principale montée en bleu, et la descente la plus "sérieuse" en rouge.  Le reste se passe derrière cette crête, à l'intérieur du massif.
Quelques chiffres : la première montée commence tout en bas, à 980 m, où une plaque de neige barre la route. On porte les skis sur 200 m de D+, puis on chausse jusqu'à l'oblique permettant de franchir le bas de la face redressée : restent 700 m d'alpinisme, en crampons, skis sur le sac. Ce n'est pas excessivement raide, mais bien soutenu (pas de coin pour faire une pause confortable !) et très exposé , en particulier de part la longueur de la face. 
Le premier sommet, la Tête de la Cavale, culmine à 2697 m. Derrière, on effectue une descente de près de 500 m, en commençant par une pente Sud , côtée 4.2, inclinée à 40-45° sur 200 m. la suite est douce, que ce soit la descente ou la remontée qui suit. 
On atteint alors le Bonnet de l'Evêque à 2663 m, d'où commence la descente en rouge , par un couloir raide (4.3- 45°) , suivi d'un entonnoir. Suit une pente très, très  large, inclinée à 35-40° : le pan du rideau, dont on sort par un couloir au choix du client : avant d'atteindre des pentes "relaxantes", c'est donc 700 m de descente réclamant de la concentration qu'il faut effectuer ! 
Une dernière petite remontée de 90 m dans un chemin commode permet de rejoindre les bois de la montée, bien skiables. 
 

Vers 7 heures ce mardi matin, nous garons la voiture très bas, avant 1000 m, sur une route forestière barrée par quelques épaisses plaques de neige discontinues. Le portage des skis s'impose pour 200 m de dénivelé, et bientôt nous chaussons tandis que le soleil illumine les premiers sommets. Nous ne tardons pas à couper la route par des pentes boisées plus soutenues. Deux heures plus tard nous sommes sur un superbe balcon au soleil, au pied de la face. 
 
L'objectif lointain                                                                     Profitons bien du replat !

Bientôt, il faut mettre les skis sur le sac. Nous montons d'abord à pied sans crampons, car l'enfoncement est suffisant. Mais 150 mètres plus haut nous décidons de les mettre, en prévision d'une zone de neige plus dure : une décision judicieuse au vu de la suite du couloir !  Comme dans toute course d'alpinisme facile, remonter cette face n'est pas technique, mais il faut rester concentré : la chute est interdite dans une pente aussi longue, et barrée de petits ressauts rocheux.

 

Vue plongeante sur le couloir                                                 Une vue exceptionnelle

La rencontre avec le soleil après l'austérité et la fatigue de ces 700 m sans temps mort est un baume pour le moral. Un hélicoptère militaire tourne juste au-dessus du sommet ! Ce sera la seule rencontre de cette journée à part les chamois ...




L'Obiou et l'arête du Malpasset : pas simple d'accès en hiver ...


Le sommet réserve une vue imprenable sur l'Obiou et l'intérieur du Dévoluy, et bien plus loin encore . Il est midi et nous attaquons assez rapidement la descente du couloir Sud afin d'avoir une bonne "moquette". C'est d'ailleurs le cas, ce qui facilite grandement la descente de cette facette raide !
 
Belle facette raide                                                                   Yougs attaque la moquette !


Le bas de la première descente

Maintenant, comme au jeu de l'Oie, il faut passer par la case "Prison". En effet, nous descendons au fond de la combe de la Prison, dont la sortie par le bas ne semble pas aller de soi. La Prison est bien chauffée en tout cas : un vrai four ! Notre remontée nous amènera en haut de la Combe de la Fuvelle, puis au Bonnet de l'Evêque (qui l'a sûrement oublié là un jour où la température était chaude comme aujourd'hui !) Cette remontée, au contraire de la première, est douce et peu technique. Curieusement, je ressens les effets de la chaleur, mais pas ceux d'une fatigue écrasante comme cela m'est déjà arrivé quand on dépasse 2000m de D+ .

 
Pour sortir de la Prison                                                          Yougs et Loulou siestent sur le Bonnet de l'Evêque !

Nous arrivons au sommet de l'Evêque où nous faisons une pause. J'avais promis des brownies à tout le monde et ils ne sont pas dans mon sac ... je découvrirai plus tard qu'ils sont ... dans mon sac pour aller au lycée !!!! En ettendant, il est un peu difficile de se détendre car le gros morceau de la descente est devant nous.
Je n'ai pas pris de photos dans cette partie, j'étais concentrée sur mes virages. L'entrée n'est pas trop compliquée, elle se fait par une petite rampe presque horizontale sur 10 m, puis une rampe oblique étroite, pas trop raide, en bonne neige de printemps. De là on accède au couloir lui-même, qui comporte deux petites étroitures. Laurence nous fait une petite peur avec une glissade latérale arrêtée rapidement avec brio. La neige est bonne, froide tassée avec une bonne accroche au fond et moquette sur la contrepente la plus ensoleillée.
Après l'entonnoir,nous nous retrouvons dans les pentes immenses du pan du rideau. Ce n'est pas vraiment plat !
La neige y a été un peu chahutée par le vent, il y a des reliefs (souples) et des changements de neige à négocier.

Un autre petit couloir nous attend. Il n'est pas difficile mais la pente plonge à nouveau, la fatigue se fait sentir...


Bas de la face : couloir au choix !
En dessous, il reste de larges pentes douces en très bonne neige où l'on peut relâcher la concentration ; une dernière petite cascade, et il faut chercher le chemin de retour, qui remonte dans la forêt juste après. Laurence et moi capitulons dans la montée escalier dans une neige qui ressemble à du sucre inconsistant, nous recollons les peaux et c'est un bon choix, car on remonte de 100 m !

La suite est ludique et sans histoire : le chemin se skie bien dans une soupe de circonstance (il est 16h) et les bois sont en bonne moquette à poils longs. Dans les bois il m'arrive un incident comique, je reste accrochée à un arbre par le tuyau de ma pipette ! Laurence me décroche et c'est reparti entre les arbres, les genoux récalcitrants qui n'en peuvent plus de faire des virages réflexe et bientôt, la route, quelques minutes de marche et un pot à Mens sur la place du village.

Partout sur la route de retour on a envie de s'arrêter pour regarder la face, impressionnante, étincelante au soleil de cette fin d'après midi. J'avoue être fière de l'avoir skiée !


Vraiment, une sortie ENORME !







Publié dans Ski de randonnée

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Y
Trop beau... et belle synthèse... J'ai plein de photos, je vais voir comment te les faire passer. Me manque que le lait à la menthe!
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L
Enorme en effet !!! Félicitations pour cette superbe journée et ces belles photos. Sans doute ta plus belle sortie de l'hiver.<br /> Je suis admiratif de voir par où vous passez, pas étonnant que tu sois fatiguée le soir venu.
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