Le feu du volcan (Ardéchoise 2008)

Publié le par renarde1

Samedi 21 juin 2008, St Félicien , La Volcanique.



Dieu que l'attente est longue ... cette semaine n'en finissait plus, les heures s'égrennaient une à une .
Enfin, samedi matin, c'est le "Final countdown"
Le départ pour St Félicien : Réveil à 5h15, voir le soleil se lever sur les collines de l'Ardèche, les cyclos qui se hâtent vers le départ, certains en vélo, d'autres en voiture ... se garer au col au dessus dans un champ en pente ... observer les autres participants qui garnissent leurs poches, crèment leurs jambes, montent leur roue avant ... une petite descente fraîche (la seule de la journée) nous amène dans le sas de départ.

  

L'attente recommence, mais celle-ci n'est pas pénible, puisque tout est prêt.
7h30 : les premiers viennent de partir, une sorte d'affervescence monte dans la longue file de cyclos.
Vingt minutes plus tard un mouvement est perçu : c'est le départ . Comme toujours dans les grands mouvements de foule, les larmes me montent aux yeux, heureusement je les cache derrière les lunettes de soleil .
Les premiers mètres se font lentement : distribution de brioche et passage du contrôle se font au pas.

C'est parti !  Le temps de trouver le rythme sous Pailharès, on atteint déjà une zone où le pourcentage s'atténue.  Le premier col apparaît déjà . Je connais bien la zone de repos qui suit : un faux plat légèrement montant, puis de moins en moins, le long de la magnifique route de crête qui mène à Nozières.  Tout en récupérant, je joue à regarder les noms sur les dossards, la nouveauté de l'année.

Tiens ! Un "Léon Piccard" qui me double . Mon directeur d'agence à GFI (il y a cinq ans !!!)
J'accélère et le rattrape pour le saluer, pas tout à fait sûre que c'est "le bon". Mais si, c'est bien Léon , de Grenoble ! Nous discutons un peu, et je le laisse partir dans la descente sur Lamastre.

Là, je double Mr Robert Marchand, un participant bien particulier puisqu'il a .. 97 ans ... je le salue également , et continue ma route avec toujours la "porte du Cheylard" en ligne de mire. (A 11h30, cette porte se referme et il n'est plus possible de faire la Volcanique)
Je termine le col de Nonières avec un anglais sympa qui semble déjà beaucoup souffrir de la chaleur. Mon aisance en anglais ne s'arrange pas avec le pourcentage de pente, tant pis : on fait ce qu'on peut ! Je me sens en avance et ravitaille en eau dans le village.
Le cheylard : il est 10h15 et j'ai une heure d'avance sur la fermeture de la porte ; je retrouve Jérôme et nous attaquons la montée de Mézillhac. Le début est facile mais déjà chaud, je roule avec un type un peu rapide que je laisse bientôt filer. Après Dornas, je sens un coup de chaud, le coeur cogne bizarrement et je suis contente de voir le petit ravito de Sardiges.

Après celui-ci, la très belle route de Mézillhac se monte bien. En montant, on retrouve un peu d'air, pas vraiment frais mais moins chaud. Je m'interdis de descendre en dessous de 10 km/h , tourne les jambes et regarde défiler la route. Sur la fin, je repense à "Nainvert" du forum qui avait atteint Mezillhac à 11h50 lors de sa première Volcanique. Ca me paraissait impossible pour moi et soudain, ce n'est plus si loin. Avant que la cloche sonne midi, j'atteinds le village et j'en frétille comme un gardon. 50 mn de moins que l'an dernier !

 

72 km, nous avons gagné le droit de manger un peu ! je profite aussi des points d'au pour me mouiller la tête afin de grimper à Lachamp Raphaël sans trop souffrir du soleil. Le contrôle est assez vite atteint, mais Jérôme paye le fait de rouler sur la digestion et nous ralentissons le rythme jusqu'au Gerbier de Jonc.

Une longue descente nous attend : elle sera entrecoupée d'une halte dans un café à St Martial avec terrasse sur le lac, où un cyclo dépité, qui a abandonné, attend la voiture qui viendra le chercher.  Plus on descend, plus l'air devient étouffant. Heureusement, ces quelques kms le long de la rivière sont rapides et reposants, pas même besoin de freiner.



Une autre surprise nous attend : Philippe Gaget, Ard_ et Valex du forum nous rattrapent avant St Martin de Valamas. C'est vraiment sympa et la route facile permet de discuter un peu. Mais cette partie s'achève bientôt, et c'est dans la fournaise qu'il faut songer à attaquer la montée de St Agrève. Il ne reste plus que 70 km, mais à présent la température dépasse allègrement les 30° . 
Avant de partir nous faisons quelques photos de groupe  .



Les premiers kilomètres de montée sont suffisamment doux pour assurer un peu de "vent", mais la pente s'accentue ensuite. Des volutes de chaleur montent du goudron .Je bois sans arrêt, et diminue mon rythme pour éviter la surchauffe qui guette. J'en sens les premiers signes sous forme de légers frissons sur les bras (souvent ressentis en ski de rando) . Je trouve un équilibre thermique, et mouline, imperturbable, en regardant d'un oeil glauque les premiers abandons sur le bord de la route . Je continue à jouer avec les noms, et me fais doubler successivement par Mr Dubois, Mr Sapin, et enfin Mr Boisjoli (Mr Chataîgner me rattrapera également plus tard !) .Incroyable cette ambiance forestière ...

Plus haut, l'air de l'altitude et quelques cumulus viennent alléger l'atmosphère : il ne fait plus que 28° , ce qui est encore bien chaud à plus de 1000 m . On n'est plus très loin de Freydaparet, où les gendarmes ferment la route à 18 h , et arrivés à ce point il n'est que .. 16h30 ! Ce n'est pas aujourd'hui que la voiture balai croquemitaine me prendra !

Il ne reste plus que 40 km ! Je sais bien que je terminerai, sauf pépin mécanique. Ces derniers kilomètres, je les connais bien : une descente, une remontée ensoleillée pas trop longue jusqu'à Rochepaule , une longue descente superbe et ombragée au bord du Doux , puis les derniers km et les difficultés du col du Buisson. Je les aborde sans trop d'inquiétude : les cumulus ont le bon goût de cacher un peu le soleil pour Rochepaule.

 

Pour le Buisson, je sais qu'il suffit de faire preuve de patience, j'aborde les passages les plus raides à 5 km/h sans m'énerver. Là aussi, les défaillances sont nombreuses ; pas mal de cyclos sont à pied ou arrêtés. C'est la seule contrainte que je me donne pour ce dernier col : ne pas pousser le vélo.  Pour le reste, virage après virage, l'altitude augmente. Tout en montant, je bats mon propre record kilométrique en une journée : je dépasse les 150 km . Jouer avec les chiffres et regarder le compteur m'occupe bien l'esprit !

 
Poursuivie par la voiture-balai            Ouf, elle ne m'a pas eue !

Le Buisson , dernier col . Jérôme arrive quelques secondes après moi. Après un dernier arrêt, c'est une descente méritée et si rapide qu'on arrive même à ressentir un peu de fraîcheur. Il n'y a plus grand monde à cette heure-là ! Je chante en me laissant glisser sur cette route remontée le matin . Pailharès ... plus que 6 km ... une petite remontée... 1 km ... l'arrivée ! En 11h13 mn au total (pauses comprises) .

Nous arrivons juste à temps pour entendre que Pierrot (mon voisin et collègue) est sur le podium, 4 eme au scratch sur les Sucs, et 3 eme de sa catégorie.




 Même à 20 heures, St Félicien est encore écrasé par les rayons du soleil . Assis mollement dans l'herbe, nous assistons au tirage au sort qui ne nous sera pas favorable.

Ca ne m'empêche pas d'être ravie de ma journée : avant tout une aventure vraiment sympa, émaillée de rencontres, une organisation impeccable. Ensuite, mon temps peut paraître très long, mais la moyenne est supérieure, malgré la distance et la dénivellation , à celle que j'ai réalisée sur les Boutières (120 km)  il y a 4 ans. D'autre part, j'ai eu jusqu'au bout l'impression d'avoir des réserves surtout au niveau des jambes ; je n'ai eu aucun moment de défaillance ayant entraîné un effondrement de la vitesse. Ceci malgré la chaleur, qui n'est normalement pas du tout mon truc ! Une belle saison de montagne et plusieurs sorties sur les cols intenses de vercors et chartreuse m'ont bien aidée.

Que dire encore ? On recommencera !




Publié dans vélo

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L
je remonte le temps de ton blog<br /> un bien jolie récit déjà à l'époque <br /> et pour toi surement un bon souvenir<br /> il y a une grosse différence en les 120 km des Boutières et les 170 de la volcanique ?<br /> 5km/h sur le 2éme Buisson il est si dur que ça ? ça fait peur...
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B
Oh oui, l'eau a coulé sous les ponts d'Ardèche :-) ! Entre les Boutières et la Volc , il y a 1000 m D+ de différence, mais rien de plus difficile en terme de pente. Dans le blog tu dois trouver aussi un récit d'une volcanique en mode "hors organisation" , mais avec déjà un peu plus d'expérience cycliste , je vais te le retrouver. <br /> Le 2 eme Buisson "n'existe plus" dans les parcours de l'ardéchoise. Il y avait 200 ou 300 m où l'on affichait 15% sur le compteur ... beaucoup marchaient . c'est fini, remplacé par le col de Lalouvesc , 4 km de pentes à 7% avec un max de 9%, ensuite ça se couche.
G
BRAVO.<br /> Bravo pour cette Ardéchoise dont tu nous fais un superbe récit.<br /> Cela fait deux ans que je n'ai pas participé<br /> Merci pour ton passage sur mon blog.<br /> Je viens de prendre le temps de tourner les pages du tien.<br /> Je me suis régalé par tes récits, les photos,la documentation.<br /> D'autant plus qu'il s'agit de la région où j'habite et que j'aime.<br /> Les lieux me sont familiers. <br /> J'aime, aussi, la passion qui t'anime.<br /> Je reviendrai. En tout cas je mets ton blog dans mes liens favoris.<br /> A bientôt<br /> Gérard
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Y
Sublime l'Ardechoise. En lisant ton récit j'ai l'impression d'avoir participé. Malheureusement ça fait 2 ans que je n'ai pu y aller. L'année prochaine j'espère...
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A
superbe récit brigitte ! il faut vraiment que je prenne le temps de venir faire cette ardéchoise !<br /> bravo pour ce parcours exigeant et long , je n'en ai jamais fait autant !
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